Le rôle du facteur russe dans l'attitude des pays du Benelux envers l'Ukraine (2014-2019)
L’auteur de cet article a réalisé une analyse du rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine de 2014 à 2019. L’analyse a montré qu’il est extrêmement important à ce stade de comprendre l’influence de la Russie sur les relations entre l’Ukraine et les pays du Benelux...
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Дата: | 2020 |
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Автор: | |
Формат: | Стаття |
Мова: | French |
Опубліковано: |
Інститут історії України НАН України
2020
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Назва видання: | Міжнародні зв’язки України: наукові пошуки і знахідки |
Теми: | |
Онлайн доступ: | http://dspace.nbuv.gov.ua/handle/123456789/188783 |
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Назва журналу: | Digital Library of Periodicals of National Academy of Sciences of Ukraine |
Цитувати: | Le rôle du facteur russe dans l'attitude des pays du Benelux envers l'Ukraine (2014-2019) / А. Soloviova // Міжнародні зв’язки України: наукові пошуки і знахідки: міжвід. зб. наук. пр. — 2020. — Вип. 29. — С. 130-146. — Бібліогр.: 36 назв. — фр. |
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irk-123456789-1887832023-03-17T12:40:19Z Le rôle du facteur russe dans l'attitude des pays du Benelux envers l'Ukraine (2014-2019) Soloviova, А. З історії міжнародних відносин L’auteur de cet article a réalisé une analyse du rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine de 2014 à 2019. L’analyse a montré qu’il est extrêmement important à ce stade de comprendre l’influence de la Russie sur les relations entre l’Ukraine et les pays du Benelux. Cette approche permet de déterminer les raisons de la stagnation éventuelle de ces relations et du dialogue entre États. En général, les stratégies des trois pays du Benelux peuvent être qualifiées de pragmatiques. Cette approche s’explique, tout d’abord, par une coopération étroite dans le domaine de l’économie et les inconvénients d’une rupture complète des relations avec la Russie. Les pays du Benelux sont de petits pays par rapport à leurs voisins européens, dont la principale force est la stabilité économique. Ainsi, pour les pays du Benelux, une intervention active dans le conflit Russie-Ukraine constitue une menace pour les relations économiques. Dans le même temps, les pays du Benelux soutiennent généralement la politique de sanctions de l’Union européenne contre la Russie, mais insistent sur le dialogue, considérant les sanctions comme un moyen moins efficace d’atteindre les objectifs. Les Pays-Bas ont la position la plus active parmi les pays du Benelux dans le conflit armé russo-ukrainien, cependant, cette position est principalement due à des préoccupations internes et à l’enquête en cours sur la chute du Boeing MH17 sur le territoire Ukrainien. The article analyzes the role of the Russian factor in the attitude of Benelux countries towards Ukraine from 2014 to 2019. The author proceeds from the fact that one of the factors in a state’s choice of a certain strategy in the international arena is often the size of the state. The study of the place and role of “small” states has become a separate field of study in the history of international relations since the publication of the work of the American researcher Annette Baker. Proponents of this theory share the opinion that the size of a state’s territory significantly affects its political strategy. The author notes that there is no single definition of a “small” state, since the characteristics by which the state as such is defined are constantly changing. In general, the signs of a “small” state are small population, size of territory, low level of activity in the international arena. The author of the article concludes that the foreign policy strategies of all three Benelux countries can be called pragmatic. In the author’s opinion, this approach is explained, first of all, by close cooperation in the field of economics and disadvantage of completely breaking off relations with Russia. The Benelux countries are small states compared to their European neighbors; their main strength is economic stability. It was found that for the Benelux countries, active intervention in the conflict between Russia and Ukraine means a threat to economic ties. The Benelux countries generally support the EU’s sanctions policy, but insist on dialogue, considering sanctions a fewer effective means of achieving goals. The Netherlands occupies the most active position among the Benelux countries in the conflict, however, this position is mainly caused by internal concerns and the ongoing investigation of the Boeing MH17 crash. 2020 Article Le rôle du facteur russe dans l'attitude des pays du Benelux envers l'Ukraine (2014-2019) / А. Soloviova // Міжнародні зв’язки України: наукові пошуки і знахідки: міжвід. зб. наук. пр. — 2020. — Вип. 29. — С. 130-146. — Бібліогр.: 36 назв. — фр. 2415-7198 DOI: doi.org/10.15407/mzu2020.29.130 http://dspace.nbuv.gov.ua/handle/123456789/188783 930.1[493+435.9] fr Міжнародні зв’язки України: наукові пошуки і знахідки Інститут історії України НАН України |
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З історії міжнародних відносин З історії міжнародних відносин Soloviova, А. Le rôle du facteur russe dans l'attitude des pays du Benelux envers l'Ukraine (2014-2019) Міжнародні зв’язки України: наукові пошуки і знахідки |
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L’auteur de cet article a réalisé une analyse du rôle du facteur russe dans
l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine de 2014 à 2019. L’analyse a
montré qu’il est extrêmement important à ce stade de comprendre l’influence
de la Russie sur les relations entre l’Ukraine et les pays du Benelux. Cette
approche permet de déterminer les raisons de la stagnation éventuelle de ces
relations et du dialogue entre États.
En général, les stratégies des trois pays du Benelux peuvent être qualifiées
de pragmatiques. Cette approche s’explique, tout d’abord, par une coopération
étroite dans le domaine de l’économie et les inconvénients d’une rupture
complète des relations avec la Russie. Les pays du Benelux sont de petits pays
par rapport à leurs voisins européens, dont la principale force est la stabilité
économique. Ainsi, pour les pays du Benelux, une intervention active dans le
conflit Russie-Ukraine constitue une menace pour les relations économiques.
Dans le même temps, les pays du Benelux soutiennent généralement la
politique de sanctions de l’Union européenne contre la Russie, mais insistent
sur le dialogue, considérant les sanctions comme un moyen moins efficace
d’atteindre les objectifs. Les Pays-Bas ont la position la plus active parmi les
pays du Benelux dans le conflit armé russo-ukrainien, cependant, cette position
est principalement due à des préoccupations internes et à l’enquête en cours
sur la chute du Boeing MH17 sur le territoire Ukrainien. |
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Aliesia Soloviova
130
DOI: https://doi.org/10.15407/mzu2020.29.130
UDC 930.1[493+435.9]
Aliesia Soloviova
étudiante diplômée
l’Institut de l’histoire de l’Ukraine
l’Académie nationale des sciences de l’Ukraine
4, rue Mykhajla Hrushevs’koho, Kyiv 01001, Ukraine
E-mail: aliesia.soloviova@gmail.com
ORCID: https://orcid.org/0000-0001-8384-0512
LE RÔLE DU FACTEUR RUSSE DANS L’ATTITUDE DES PAYS
DU BENELUX ENVERS L’UKRAINE (2014–2019)
L’auteur de cet article a réalisé une analyse du rôle du facteur russe dans
l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine de 2014 à 2019. L’analyse a
montré qu’il est extrêmement important à ce stade de comprendre l’influence
de la Russie sur les relations entre l’Ukraine et les pays du Benelux. Cette
approche permet de déterminer les raisons de la stagnation éventuelle de ces
relations et du dialogue entre États.
En général, les stratégies des trois pays du Benelux peuvent être qualifiées
de pragmatiques. Cette approche s’explique, tout d’abord, par une coopération
étroite dans le domaine de l’économie et les inconvénients d’une rupture
complète des relations avec la Russie. Les pays du Benelux sont de petits pays
par rapport à leurs voisins européens, dont la principale force est la stabilité
économique. Ainsi, pour les pays du Benelux, une intervention active dans le
conflit Russie-Ukraine constitue une menace pour les relations économiques.
Dans le même temps, les pays du Benelux soutiennent généralement la
politique de sanctions de l’Union européenne contre la Russie, mais insistent
sur le dialogue, considérant les sanctions comme un moyen moins efficace
d’atteindre les objectifs. Les Pays-Bas ont la position la plus active parmi les
pays du Benelux dans le conflit armé russo-ukrainien, cependant, cette position
est principalement due à des préoccupations internes et à l’enquête en cours
sur la chute du Boeing MH17 sur le territoire ukrainien.
Mots clefs: politique étrangère, l’intégration européenne, les pays du
Benelux, la politique de l’Union européenne.
© «Міжнародні зв’язки України: наукові пошуки і знахідки», 2020
Le rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine…
131
Aliesia Soloviova
Postgraduate Student
Institute of History of Ukraine
the National Academy of Sciences of Ukraine
4, Mykhailo Hrushevskyi Street, Kyiv, 01001, Ukraine
E-mail: aliesia.soloviova@gmail.com
ORCID: https://orcid.org/0000-0001-8384-0512
THE ROLE OF THE RUSSIAN FACTOR IN THE ATTITUDE
OF BENELUX COUNTRIES TOWARDS UKRAINE (2014–2019)
The article analyzes the role of the Russian factor in the attitude of
Benelux countries towards Ukraine from 2014 to 2019. The author proceeds
from the fact that one of the factors in a state’s choice of a certain strategy in
the international arena is often the size of the state. The study of the place and
role of “small” states has become a separate field of study in the history of
international relations since the publication of the work of the American
researcher Annette Baker. Proponents of this theory share the opinion that the
size of a state’s territory significantly affects its political strategy. The author
notes that there is no single definition of a “small” state, since the
characteristics by which the state as such is defined are constantly changing.
In general, the signs of a “small” state are small population, size of territory,
low level of activity in the international arena.
The author of the article concludes that the foreign policy strategies of all
three Benelux countries can be called pragmatic. In the author’s opinion, this
approach is explained, first of all, by close cooperation in the field of
economics and disadvantage of completely breaking off relations with Russia.
The Benelux countries are small states compared to their European neighbors;
their main strength is economic stability. It was found that for the Benelux
countries, active intervention in the conflict between Russia and Ukraine
means a threat to economic ties. The Benelux countries generally support the
EU’s sanctions policy, but insist on dialogue, considering sanctions a fewer
effective means of achieving goals. The Netherlands occupies the most active
position among the Benelux countries in the conflict, however, this position is
mainly caused by internal concerns and the ongoing investigation of the
Boeing MH17 crash.
Keywords: foreign policy, European integration, Benelux countries,
European Union policy.
Dans le contexte du vecteur de la politique étrangère de l’Ukraine
d’intégration au sein de l’Union européenne, compte tenu de la position
Aliesia Soloviova
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géographique de l’État ukrainien, les études sur les perspectives de cette
intégration de l’Ukraine deviennent de plus en plus importantes. Mais, comme
le souligne le chercheur bien connu de l’histoire de la diplomatie ukrainienne
Mycola Doroshko, “si pour un certain nombre d’États post-socialistes qui sont
les membres à part entière actuels de la communauté européenne, les
principaux critères d’adhésion à l’UE étaient des indicateurs de croissance
économique et un mouvement cohérent à travers la démocratisation de la
société, néanmoins les relations ukraino-russes ont un impact énorme sur les
perspectives d’intégration européenne de l’Ukraine1”. À notre avis, le dialogue
politique entre l’Ukraine et l’Union européenne (ci-après dénommée l’UE),
ainsi que l’Ukraine et les pays du Benelux dépend d’un certain nombre de
facteurs, parmi lesquels le facteur russe est l’un des facteurs déterminants.
Dans ce contexte, il est particulièrement important d’analyser le dévelop-
pements de l’intégration européenne de l’Ukraine et les relations Ukraine-
Benelux à travers le prisme du facteur russe, ainsi que de suivre les prochaines
mesures de l’Ukraine dans le processus d’approche de l’UE et dans les
relations Ukraine-Benelux.
Les études de problèmes et de perspectives sur l’intégration européenne de
l’Ukraine ont été menée par des scientifiques tels que: O.O. Akimov, I.V. Ar-
tomov, V.D. Bogdanovych, N.M. Buglaj, S.V. Vidnyanskyj, L.V. Vitrenko,
O.S. Vlasyuk, V.P. Gorbulin, O.M. Gorenko, Ye.O. Goryunova, M.S. Do-
roshko, I.A. Grycyak, B.I. Kancelyaruk, V.V. Kopijka, E.M. Libanova,
O.M. Lyashenko, A.Yu. Martynov, P.P. Gaj-Nyzhnyk, L.G. Olejnikova,
G.M. Perepelycya, O.M. Sheretyuk et autres. Parmi les travaux qui sont
directement consacrés aux principales étapes et problèmes des relations
Ukraine-Union européenne, il convient de noter les travaux de S.V. Vid-
nyanskyj, qui dans la chronologie des relations entre l’Ukraine et l’UE a
identifié et décrit 5 étapes, mettant en évidence la période actuelle — à partir
de 2014, associée à la signature, la ratification et la mise en œuvre de l’accord
d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne dans des conditions de
confrontation militaire dans l’est de l’Ukraine, de crise de l’Etat ukrainien, de
crise systémique et début de la réforme de l’UE elle-même2.
L’un des premiers ouvrages publiés sur les particularités de la politique
étrangère des États qui ne sont pas de grande taille, de population, etc., a été le
travail du chercheur américain A. Baker Fox “The power of small states:
diplomacy in World War II”. L’étude de la théorie selon laquelle la taille du
territoire de l’État affecte de manière significative sa stratégie politique a été
entreprise par des chercheurs étrangers tels que: I.Karsh, O. Knudsen, B. Tor-
hallsson, S. Steinsson et autres. Des chercheurs européens tels que L. Mark,
N. Popescu et d’autres ont étudié les stratégies poursuivies par les États
membres de l’UE en relation avec la Russie.
Le rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine…
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Le but de cet article est de révéler le rôle du facteur russe dans l’attitude
des pays du Benelux envers l’Ukraine de 2014 à 2019.
La stratégie de sécurité de l’UE de 2003 a désigné la Russie comme un
acteur majeur sur le plan géopolitique, tant au niveau mondial que régional.
Comme indiqué dans ce document, la Russie est un marché important et
dynamique pour les biens et services de l’UE avec une croissance économique
significative. D’un autre côté, le marché de l’UE est de loin la destination la
plus importante pour les exportations russes. Les entreprises de l’UE sont
d’importants investisseurs en Russie3. Mykola Doroshko note que la Russie
considère la région de la Communauté d’États indépendants (CEI) uniquement
comme une zone d’influence politique. Dans ce contexte, la vision géostra-
tégique de la Russie envisage l’adhésion de l’Ukraine aux alliances dans
l’espace post-soviétique sous les auspices de la Fédération de Russie, ce qui
contredit le choix stratégique européen de l’Ukraine4.
Olga Sheretyuk attire l’attention sur le fait qu’en Ukraine, malgré les
déclarations officielles sur l’intégration européenne en tant que priorité de
politique étrangère, l’élite politique ne fait pas toujours preuve de cohérence
dans la mise en œuvre d’un certain cours dans la politique étrangère5.
L’auteure note que le succès de la stratégie d’intégration européenne dépendra
de la mise en œuvre des règles de l’UE et des relations avec la Russie, la
Biélorussie, la Moldavie et d’autres pays post-soviétiques6.
Les événements survenus en Ukraine en 2014 ont eu un impact significatif
sur les relations UE-Russie, cependant, les États membres de l’UE prennent
des positions différentes sur le conflit existant entre l’Ukraine et la Russie, et
définissent différentes stratégies politiques pour résoudre le conflit et même
pour poursuivre la coopération avec la Russie.
En 2017, une étude soutenue par le Parti populaire européen au Parlement
européen a été réalisée. L’étude s’intitulait “Comment les démocraties euro-
péennes réagissent-elles à l’agression russe?” (“How do European democracies
react to Russian aggression?”). L’étude a révélé qu’il existe plusieurs stratégies
sélectionnées par les pays de l’UE pour les relations avec la Russie après
l’introduction de sanctions, à savoir: 1) six pays qui prennent une position
active en réponse à l’agression russe (Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne,
Grande-Bretagne, Danemark); 2) cinq pays qui ont considérablement modifié
leur politique à l’égard de la Fédération de Russie après l’agression russe
contre l’Ukraine (Finlande, Suède, Pays-Bas, République Tchèque, Alle-
magne); 3) trois pays sont partisans de la lutte contre l’agression russe (Croatie,
Roumanie, Bulgarie); 4) trois Etats n’ont pratiquement aucune relation avec la
Russie (Portugal, Malte, Irlande); 5) six pays tentent de suivre les problèmes
existants (Autriche, Belgique, France, Luxembourg, Espagne, Slovénie);
6) deux gouvernements utilisent la carte russe pour des raisons internes
Aliesia Soloviova
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(Slovaquie, Hongrie); 7) trois états ont une attitude positive envers le Kremlin
(Grèce, Italie, Chypre)7. Il convient de noter qu’en octobre 2016, des
scientifiques ukrainiens ont divisé les États membres de l’UE en trois groupes :
les dirigeants soutenant l’Ukraine, les observateurs et les opposants à
l’Ukraine8.
Les chercheurs européens Leonard Mark et Nick Popescu ont identifié cinq
types de stratégies politiques mises en œuvre par les États membres de l’UE
vis-à-vis de la Russie. Ils ont notamment identifié les stratégies suivantes: 1) un
cheval de Troie (les États défendent des positions proches des intérêts russes et
qui sont prêts à opposer leur veto à des positions communes de l’UE); 2) les
partenaires stratégiques (les États qui ont des “relations spéciales” avec la
Russie, qui affectent périodiquement la politique globale de l’UE); 3) le
pragmatisme amical (les États qui entretiennent des relations étroites avec la
Russie et, en règle générale, mettent leurs intérêts commerciaux au-dessus des
objectifs politiques); 4) le pragmatisme froid (les pays qui se concentrent
également sur les intérêts des entreprises mais n’ont pas “peur” de dénoncer la
politique de la Russie); et 5) les nouveaux guerriers froids (les pays qui ont des
relations ouvertement hostiles avec Moscou et sont prêts à utiliser le veto pour
bloquer les négociations de l’UE avec la Russie)9. Selon cette classification, les
pays du Benelux appartiennent à la catégorie des “pragmatistes”, le Luxem-
bourg et la Belgique ont tendance à “un pragmatisme amical”, et les Pays-Bas,
à leur tour, ont soi-disant “un pragmatisme froid”. La présence d’une telle
variété de stratégies des États membres de l’UE pour les relations avec la
Russie nécessite d’explorer les raisons du choix de la politique étrangère.
Le choix de la stratégie sur la scène internationale est souvent produit par
la taille de l’État. Les études sur les petits États sont devenues un domaine
d’étude distinct dans les relations internationales depuis la publication des
travaux de la chercheuse américaine Annette May Baker Fox sur la politique
des “petits” États pendant la Seconde Guerre mondiale en 195910, 11. Les
partisans de cette théorie partagent le point de vue selon lequel la taille du
territoire de l’État influe considérablement sur sa stratégie politique.
Il n’y a pas de définition unique d’un “petit” État, car les signes qui
définissent l’État en tant que tel changent constamment. En général, les signes
d’un “petit” État sont les suivants : la petite population et taille du territoire, le
faible niveau d’activité sur la scène internationale.
Le professeur Baldur Thorhallsson de l’Université d’Islande propose de
définir les “petits” États selon les critères suivants: la taille (la population et le
territoire), la souveraineté (le degré de contrôle de l’état de ses affaires
intérieures et de ses frontières), autorité politique (potentiel militaire, cohésion
interne), le développement économique (PIB, taille du marché et dévelop-
pement), les perceptions sur la scène internationale et les avantages (les idées,
Le rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine…
135
ambitions et priorités de l’élite interne concernant leur rôle dans le système
international)12.
Les petits États sont géographiquement et économiquement diversifiés et
sont donc confrontés à des défis de sécurité et de bien-être différents. Par
exemple, le luxueux Luxembourg, l’État membre fondateur de l’Union
européenne, qui occupe une position centrale dans la politique européenne, est
confronté à des problèmes autres que les pays baltes. À leur tour, les problèmes
rencontrés par des États tels que les États baltes et le Luxembourg diffèrent des
défis de la République centrafricaine ou du Libéria, où règne la pauvreté13.
Parallèlement à la question de la définition de tels États, une attention
particulière est accordée aux particularités de la politique étrangère de ces
États. La question de la protection des frontières et des populations contre
d’éventuelles menaces internationales et le rôle des “petits” États sur la scène
internationale sont particulièrement importants.
Le Luxembourg a longtemps été le plus petit État membre de l’UE, mais
après l’élargissement de 2004, Malte a pris sa place. Au siècle dernier, la
situation géographique du Luxembourg a aidé le pays à jouer le rôle de
médiateur influent entre les anciens opposants — l’Allemagne et la France.
Selon des chercheurs étrangers, outre la situation géographique, l’influence du
Luxembourg s’explique par trois autres facteurs : l’innovation, la stabilité et
une “bonne coïncidence”. Bien qu’il soit difficile d’être d’accord avec ce
dernier, les deux autres facteurs semblent assez logiques. La stabilité politique
a grandement contribué à l’évolution du pays. Pierre Werner a travaillé au
gouvernement depuis 25 ans et pendant 20 ans a occupé le poste de chef du
gouvernement. Pierre Werner a rejoint le gouvernement luxembourgeois en
tant que ministre des Finances en 1953 et a été Premier ministre de 1959 à
1974 et de 1979 à 1984. À son tour, Jacques Santer a été 17 ans au
gouvernement, 11 ans comme Premier ministre et 10 ans au Parlement
européen. En 1984, suite à la démission de Pierre Werner, Jacques Santer
devient le nouveau Premier ministre luxembourgeois, demeurant ministre
luxembourgeois des Finances jusqu’en 1989. En outre, de 1984 à 1989 il est
gouverneur de la Banque mondiale, de 1989 à 1994 il est gouverneur du Fonds
monétaire international. En 1995, Jacques Santer a démissionné de son poste
de Premier ministre luxembourgeois pour devenir président de la Commission
européenne. Jean-Claude Juncker a servi le gouvernement pendant 25 ans, dont
12 ans en tant que Premier ministre. En général, le pays a toujours cherché à
maintenir une politique intérieure stable grâce à une administration efficace.
Outre le rôle joué par les “petits” États sur la scène internationale, la
question des caractéristiques inhérentes à leur politique étrangère est également
importante. De nombreux chercheurs, dont Efraim Karsh, affirment que la
neutralité est une caractéristique déterminante de nombreux petits États. La
Aliesia Soloviova
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“survie” d’un petit État dépend souvent de sa capacité à démontrer qu’il ne
constitue pas une menace pour les grandes puissances14. Dans ce contexte,
l’attitude du Luxembourg à l’égard du conflit russo-ukrainien en cours et
l’implication de l’UE, à savoir l’attitude du pays vis-à-vis des sanctions
européennes imposées à la Russie pour ingérence dans les affaires ukrai-
niennes, sont intéressantes à cet égard. Dans cette affaire, le Grand-Duché était
et reste neutre, probablement parce que le Luxembourg est (au moins sur
papier) le troisième investisseur étranger en Russie et un grand centre financier
pour les banques et les entreprises russes15.
Le Premier ministre luxembourgeois a une position assez neutre sur le
conflit. Dans une interview accordée à EURACTIV, Xavier Bethel a déclaré en
répondant à des questions sur les raisons du non-respect des accords de Minsk:
“Les chefs d’État devraient respecter l’accord signé. Les deux parties ont
commis des erreurs. Je ne veux pas rejeter la faute sur un seul côté. Il est
important pour moi de comprendre comment nous pouvons avancer, car pour le
moment nous sommes tous dans une situation perdante. L’Europe perd,
l’Ukraine perd, la Russie perd. Nous avons besoin d’une stratégie de sortie
pour trouver des solutions avec lesquelles tout le monde peut vivre”16. Cette
approche n’est pas nouvelle au Luxembourg. L’attitude pragmatique face aux
conflits externes est illustrée par la déclaration du ministre luxembourgeois des
Affaires étrangères Jean Asselborn en 2009 : “La Russie n’a pas de droit de
veto sur le choix de pays comme la Géorgie et l’Ukraine. Cependant, il est
important de prendre en compte les préoccupations de la Russie afin d’éviter la
menace inutile de stabilité et d’équilibre politique dans notre région.
L’avantage d’un partenariat stratégique basé sur la confiance mutuelle est que
les différences peuvent être abordées de manière ouverte et constructive”17.
Les partenariats commerciaux et les orientations économiques des “petits”
États, en particulier de Luxembourg, ont une influence significative sur le
choix de la politique étrangère. Le Luxembourg est l’un des pays les plus
dépendants des importations d’énergie. Environ 60% des besoins énergétiques
du pays sont couverts par les produits pétroliers. Le gaz naturel est la deuxième
forme d’énergie la plus importante. Les produits pétroliers proviennent des
pays voisins, principalement de Belgique (77,2% en 2013). Alors qu’en 2013,
la Russie représentait 24% des importations de gaz naturel au Luxembourg18.
Dans le grand secteur financier luxembourgeois, il existe des investissements
étrangers directs et des investissements de portefeuille en provenance de
Russie, qui représentent plus de 40% du PIB, ses investissements sont beau-
coup plus importants en Russie, équivalant à 120% du PIB du Luxembourg19.
La Russie et le Luxembourg continuent de coopérer activement dans le
domaine de l’économie. Le 18 février 2016, la dixième session de la Com-
mission mixte de coopération économique de l’Union économique belgo-
Le rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine…
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luxembourgeoise et la Russie (UEBL-Russie) a eu lieu, en présence du vice-
Premier ministre Dmitry Rogozin, vice-Premier ministre du Grand-Duché de
Luxembourg Etienne Schneider et Ambassadeur du Royaume de Belgique
auprès de la Fédération de Russie Alex Van Mioven. Etienne Schneider était
accompagné d’une délégation de représentants de la Chambre de commerce du
Luxembourg. Au sein de cette commission mixte, la Chambre de commerce et
d’industrie a organisé conjointement avec des organisateurs russes un forum
d’affaires sur “l’investissement et l’innovation” et “le transport et la logis-
tique”. La Commission mixte UEBL-Russie a signé un protocole d’accord
entre l’Agence nationale de recherche et d’innovation du Luxembourg et le
Centre russe de Skolkovo pour renforcer la coopération en matière d’inno-
vation et de nouvelles technologies20.
Le Luxembourg, bien sûr, continue de considérer la Russie comme un
partenaire stratégique important et soutient donc une approche plus souple de
la question des sanctions. Le Luxembourg, dans son ensemble, soutient la
politique générale de l’UE consistant à imposer des sanctions à la Russie pour
violation du droit international. Le Luxembourg considère les sanctions comme
un instrument d’influence inefficace au motif qu’elles se sont révélées
inefficaces pour atteindre cet objectif.
En 1974, Alfred van Staden, professeur de relations internationales à
l’Université de Leiden (les Pays-Bas), dans son étude “L’Allié fidèle : les
Pays-Bas et l’Alliance atlantique (1960–1971)” (“A Faithfull ally: The
Netherlands and the Atlantic Alliance (1960–1971)”) a décrit la politique
étrangère des Pays-Bas comme “réactive plutôt qu’active. En général, les
gouvernements [néerlandais] s’assoient sur la clôture et ne répondent qu’aux
rafales extérieures”21. Cette déclaration, dans son ensemble, reste pertinente
pour la politique actuelle des Pays-Bas. Le gouvernement néerlandais est
dominé par l’idée que, la Russie et les Pays-Bas partageant de nombreux
intérêts, la tâche est de continuer à coopérer. Dans le même temps, les Pays-
Bas ne veulent pas donner l’impression qu’il est possible de continuer à faire
des affaires comme d’habitude (business as usual) pendant que la Russie
continue de s’ingérer dans les affaires ukrainiennes. Le principal représentant
des intérêts commerciaux, Hans de Boer, président de la Confédération
néerlandaise des entreprises et des employeurs VNO-NCW, a exprimé des
doutes quant à l’efficacité des sanctions et a dit craindre que la poursuite des
sanctions aide les entreprises brésiliennes et chinoises à conquérir le marché
russe au détriment des intérêts néerlandais22.
Le chercheur russe Andrey Makarov note que bien que “depuis
l’introduction des sanctions de l’UE contre la Russie le 17 mars 2014, et après
le 17 juin 2014, lorsque le crash de l’avion avec le Boeing malaisien s’est
produit, le dialogue intergouvernemental bilatéral a été essentiellement gelé
Aliesia Soloviova
138
jusqu’à présent”23, mais “malgré des facteurs externes, la Russie et les Pays-
Bas sont toujours restés des partenaires importants dans le domaine du
commerce et de l’investissement”24.
Actuellement, le Royaume des Pays-Bas pour la Fédération de Russie est
l’un des principaux fournisseurs de biens, services, compétences et techno-
logies dans pratiquement tous les secteurs de l’économie, pays de transit et
plaque tournante logistique pour les exportations russes, ainsi qu’un partenaire
important dans le domaine des investissements transfrontaliers. Les Pays-Bas
est traditionnellement le plus grand partenaire commercial de la Russie (3ème
place au monde après la Chine et l’Allemagne, 2ème en Europe après
l’Allemagne), leur part dans le chiffre d’affaires total de la Fédération de
Russie est stable à 6–7%25. En 2017, selon le Service fédéral des douanes de
Russie, le commerce russo-néerlandais s’est élevé à 39,5 milliards de dollars,
en hausse de 22,4% par rapport aux exportations russes de 2016. Les expor-
tations russes vers les Pays-Bas ont atteint 35,6 milliards de dollars (+21,7%) et
les importations en provenance des Pays-Bas — 3,0 milliards de dollars
(–3,2%)26.
Malgré l’approche plutôt pragmatique suivie par le Luxembourg et les
Pays-Bas, les Pays-Bas sont encore plus préoccupés par l’agression de la
Russie. En témoigne la réaction assez rapide aux événements en Ukraine. Dans
sa lettre du 12 juin 2014, le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas a
pour la première fois clairement appelé l’annexion de la Crimée - une annexion
illégale27. En outre, le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas a déclaré
que l’attitude de la Russie à l’égard de l’Ukraine était inacceptable
(“onaanvaardbaar”)28.
L’impact le plus négatif sur les relations entre les Pays-Bas et la Russie a
été causé par l’écrasement du Malaysia Airlines MH17, qui a tué 196 citoyens
néerlandais, ce qui a été un énorme choc pour le public néerlandais. À partir de
ce moment, il est devenu clair qu’il ne pouvait pas y avoir de retour rapide au
“des affaires comme d’habitude”.
En 2015, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Bert Kunders
(17 octobre 2014–2017), a décrit une nouvelle approche de la Russie, basée sur
une stratégie de “poing fermé” et de “main ouverte”. La politique du “poing
fermé” signifiait la poursuite de la sanction jusqu’à ce que Moscou commence
à travailler à la désescalade du conflit dans le Donbass et / ou à abandonner la
Crimée. Ce faisant, les Pays-Bas maintiendront un dialogue avec la Russie en
tant que partenaire égal sur la base du respect mutuel. Les Pays-Bas insistent
sur le maintien des relations économiques et le maintien de la coopération dans
des domaines tels que l’éducation, la science et la société civile29. Ceci en dépit
du fait que 2015 a été l’année des tentatives de la Russie de mettre en œuvre le
scénario de guerre hybride intra-phase à travers le pseudo-pacifique “processus
Le rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine…
139
de Minsk” soutenu par les pays occidentaux30. La Fédération de Russie ne
pouvait accepter non seulement sa défaite géopolitique dans la lutte pour une
prise de contrôle “douce” de l’Ukraine, mais aussi son existence même en tant
qu’État. Par conséquent, le Kremlin a décidé d’utiliser dans la lutte contre
l’Ukraine non seulement toutes les méthodes ouvertes et secrètes pour mener
une guerre hybride, mais aussi l’ingérence armée directe dans ses affaires
intérieures31. Burt Kunders a déclaré: “Nous devons continuer de faire pression
sur la Russie, mais également rechercher de nouvelles solutions politiques. La
Russie et les Russes ne sont pas nos ennemis, mais nous ne pouvons pas
permettre l’application unilatérale des règles européennes sur la souveraineté
nationale et le recours à la force”32.
L’actuel ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas, Stef Blok (de 2018
à maintenant), a souligné l’urgence de la politique de “pression et dialogue”
(“druk en dialogue”). Le gouvernement souligne également que cette politique
ne peut réussir que si l’UE et l’OTAN continuent d’agir dans l’unité. Le moyen
de pression le plus important est le régime de sanctions imposé par l’UE en
réponse aux actions de la Russie contre l’Ukraine. Ces sanctions visent
spécifiquement les politiciens russes directement impliqués dans des violations
de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. De plus, traduire en
justice les responsables de l’accident du MH17 demeure la plus haute priorité
du gouvernement.
En général, les discussions sur le conflit entre l’Ukraine et la Russie ne se
sont pas apaisées dans la société néerlandaise. Dans la perspective des élections
au Parlement européen, lors d’un débat avec le Premier ministre néerlandais,
Mark Rutte (depuis 2010), le leader du parti Forum pour la démocratie, Thierry
Bode, s’est prononcé en faveur du retrait du pays de l’Union européenne et du
rapprochement avec la Russie. Le sujet des relations avec la Russie n’a pas été
ignoré. Bode a déclaré: “Dans la politique internationale, vous n’avez ni amis
ni ennemis, seulement des intérêts”. Selon Bode, ces intérêts sont lésés, par
exemple, par des sanctions contre la Russie, qui affectent l’agriculture et le
secteur des fleurs. Le débat s’est intensifié, car Bode a refusé de convenir que
la Russie était probablement à l’origine de la chute du vol MH17. “J’ai des
doutes quant à l’enquête sur le JIT [une équipe internationale d’enquête sur le
désastre du MH17]33. L’Ukraine est également l’un des coupables possibles de
cette attaque”. Selon un sondage De Honds de 2015, la grande majorité des
citoyens néerlandais (78%) pensent que la Russie est directement ou indi-
rectement responsable de l’écrasement du MH17.
Ainsi, le public néerlandais est moins intéressé par une discussion fon-
damentale sur les relations avec la Russie. La question principale est la
question plus large de savoir si les Pays-Bas devraient être activement im-
pliqués dans la coopération internationale.
Aliesia Soloviova
140
En raison de sa situation au carrefour de l’Europe occidentale, la Belgique
traditionnellement cherche à éviter la domination des pays les plus puissants
qui l’entourent par la médiation.
Avec 6,86 milliards d’euros d’importations belges en provenance de
Russie en 2017, la Russie se classe au troisième rang des partenaires com-
merciaux non européens les plus importants de la Belgique. Parmi les par-
tenaires non européens, la Russie occupe une place relativement importante
malgré les sanctions de 2014. Par exemple, en termes d’importations, c’est le
troisième partenaire non européen de la Belgique après les États-Unis et la
Chine. En ce qui concerne les exportations de la Belgique, la Russie est le
cinquième partenaire hors UE après les États-Unis, la Chine, l’Inde et la
Turquie34.
En 2015, le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reinders sur les
priorités de la diplomatie belge a noté que la Russie reste un partenaire
important, ce qui nécessite le soutien d’un dialogue ouvert. À long terme, il est
nécessaire de revoir les relations UE-Russie quelles que soient les sanctions
existantes, et de traiter ensemble des questions telles que les droits de l’homme,
les relations commerciales, la coopération énergétique, etc35.
En juillet 2017, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a
effectué une visite à Bruxelles, au cours de laquelle il a rencontré le Premier
ministre belge Charles Michel et s’est entretenu avec le vice-premier ministre,
le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders.
L’ancien Premier ministre belge Charles Michel (11 octobre 2014 —
27 octobre 2019) a déclaré à plusieurs reprises que “les sanctions ne sont pas
une fin en soi”, qu’elles “sont un moyen de dialogue” et qu’il est favorable à
une autre stratégie avec la Russie. “Nous devons maintenir un véritable canal
de dialogue avec Moscou, en écouter un autre, quelles que soient les dif-
férences”36.
Le rôle du facteur russe dans les relations entre l’Ukraine et les pays du
Benelux peut également être retracé en analysant l’influence des partis
politiques sur la formation de l’opinion publique.
À ce jour, l’influence des partis de droite et d’extrême droite, qui occupent
généralement des positions pro-russes aux niveaux national et européen,
augmente dans l’UE, et dans les pays du Benelux en particulier. Par exemple,
lors des élections européennes de 2014, ces partis ont obtenu des résultats
historiquement élevés dans plusieurs pays, dont le Danemark, la France, le
Royaume-Uni et les Pays-Bas. La plupart des partis de droite sont opposés à la
politique de l’UE, y compris dans le conflit dans l’est de l’Ukraine.
Le Forum du Parti néerlandais pour la démocratie est actuellement actif. Le
Forum pour la démocratie a commencé ses activités en 2016, prenant une part
active à l’organisation d’un référendum sur la signature de l’accord d’asso-
Le rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine…
141
ciation entre l’Ukraine et l’Union européenne en 2016. Le parti s’oppose à
l’UE et fait campagne pour un référendum sur la sortie du Royaume des Pays-
Bas de l’UE. “Idéologiquement, je suis contre l’UE, contre le marché intérieur,
contre l’ouverture des frontières, contre l’euro, contre tout”, a déclaré le chef
du parti Thierry Bode dans une interview à de Volkskrant. Lors des élections
locales (provinciales) de 2019, le Forum pour la démocratie a remporté
86 sièges dans 12 provinces des Pays-Bas. En Hollande méridionale, en
Hollande septentrionale et dans le Flevoland, le Forum de la démocratie est
devenu le plus grand parti avec 11, 9 et 8 sièges respectivement. Dans toutes
les autres provinces, le parti est arrivé en deuxième ou troisième position.
Une analyse distincte devrait être accordée à l’analyse du référendum sur
l’accord d’association UE-Ukraine qui s’est tenu aux Pays-Bas le 6 avril 2016.
L’initiative référendaire appartient également aux partis de droite des Pays-
Bas, dont le Forum pour la démocratie. Il est intéressant de noter que les
politiciens qui ont pris l’initiative d’organiser un référendum aux Pays-Bas ont
ouvertement reconnu que l’Ukraine ne les intéressait pas du tout, et leur
principal objectif est de retirer les Pays-Bas de l’UE, le soi-disant “Nexit”37.
D’une manière générale, l’attention portée à la signature de l’accord
d’association avec l’Ukraine est un domaine de discussion distinct. L’UE mène
une politique étrangère active, dont l’initiative de partenariat oriental fait
désormais partie. Cette initiative a impliqué la participation de six pays
d’Europe orientale — l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie, la Géorgie,
l’Arménie et l’Azerbaïdjan. En 2014, dans le cadre du partenariat oriental, des
accords d’association avec l’UE ont été signés avec l’Ukraine, la Moldavie et
la Géorgie. Alors que les deux derniers accords sont entrés en vigueur en 2016,
l’accord d’association UE-Ukraine n’est entré en vigueur qu’en 2017. Pour en
revenir au référendum sur l’Ukraine aux Pays-Bas, il est intéressant de se
demander pourquoi le référendum n’a eu lieu que sur l’Ukraine, bien qu’un
statut spécifique avec L’UE n’était pas prévue pour l’Ukraine.
En Belgique, les partis politiques de la région flamande et de Bruxelles,
connus sous le nom de Vlaams Belang, jouent un rôle actif.
Le 26 mai 2019, des élections au Parlement européen, aux parlements
fédéral et régional se sont tenues simultanément en Belgique, avec des partis
radicaux favorables à l’élargissement des pouvoirs des régions38.
En Flandre, le principal parti était la Nouvelle Alliance flamande (N-VA)
dirigée par le bourgeois d’Anvers, Bart De Vever. Ce parti représente l’auto-
nomie maximale de la Flandre et le maintien de la plupart des taxes existantes
au niveau régional. Cependant, par rapport aux élections de 2014, la perfor-
mance de l’alliance s’est dégradée de 5%.
Le Vlaams Belang a remporté la deuxième place en Flandre avec 18,6%
des voix, en hausse de 13% par rapport aux dernières élections. Cette force
Aliesia Soloviova
142
politique a des opinions encore plus radicales sur l’autonomie économique et
politique de la Flandre39.
Les partis de droite n’ont pas ignoré le référendum en Crimée. Une
organisation non gouvernementale basée en Belgique a invité le Front national
français de droite et d’autres partis d’extrême droite, dont la Freiheitliche Partei
Österreichs, le FPÖ, l’Intérêt flamand en Belgique et le Parti Jobbik de Hongrie —
pour surveiller la procédure référendaire du 16 mars 2014 en Crimée. Une
équipe d’observateurs a annoncé que le référendum était libre et équitable40.
Malgré le renforcement de la position des partis de droite dans certains
pays de l’UE, le nombre total de représentants de ces partis au niveau de l’UE
est insignifiant par rapport aux principaux partis. Ces parties présentent
également des points de vue divergents sur un éventail de questions, les
empêchant de se réunir pour faire avancer les vues pro-russes.
L’analyse du rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux
envers l’Ukraine de 2014 à 2019 a montré qu’il est extrêmement important à ce
stade de comprendre l’influence de la Russie sur les relations entre l’Ukraine et
les pays du Benelux. Cette approche permet de déterminer les raisons de la
stagnation éventuelle de ces relations et du dialogue entre États.
En général, les stratégies des trois pays du Benelux peuvent être qualifiées
de pragmatiques. Cette approche s’explique, tout d’abord, par une coopération
étroite dans le domaine de l’économie et les inconvénients d’une rupture
complète des relations avec la Russie. Les pays du Benelux sont de petits pays
par rapport à leurs voisins européens, dont la principale force est la stabilité
économique. Ainsi, pour les pays du Benelux, une intervention active dans le
conflit Russie-Ukraine constitue une menace pour les relations économiques.
Dans le même temps, les pays du Benelux soutiennent généralement la
politique de sanctions de l’Union européenne contre la Russie, mais insistent
sur le dialogue, considérant les sanctions comme un moyen moins efficace
d’atteindre les objectifs. Les Pays-Bas ont la position la plus active parmi les
pays du Benelux dans le conflit armé russo-ukrainien, cependant, cette position
est principalement due à des préoccupations internes et à l’enquête en cours sur
la chute du Boeing MH17 sur le territoire ukrainien.
—————
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Le rôle du facteur russe dans l’attitude des pays du Benelux envers l’Ukraine…
143
4 Дорошко М. Вплив російського фактора на євроінтеграційний вибір України.
С. 46.
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otnosheniya-rossiyskoy-federatsii-i-korolevstva-niderlandov-na-sovremennom-etape
24 Там само. С. 28.
Aliesia Soloviova
144
25 Там само. С. 28.
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